"L'important pour un artiste, c'est d'être soi même"
Val Trifan l'a très bien compris et concentre son énergie à un développement intérieur. les impressions, les
émotions et les sentiments éprouvés lors de cette exploration interne, l'artiste le dit d'abord à lui même et
par après, il le dit aux autres sous forme d’œuvre d'art.
Un périple artistique aussi captivant qu'émouvant ou le sens aigu du détail permet de fondre admirablement
son intériorité et son observation du monde qui l'entoure. Dans ce monde où plane le sentiment du vide
et d'une culpabilité au sens individuel et collectif, Val Trifan est plutôt un grand optimiste et ses étranges
machines sont loin d’être le porte-mémoire d'une humanité en train de disparaître, mais plutôt un regard
allégorique et ironique sur une humanité en pleine mutation.
Artiste doué d'un grand talent de dessinateur, Val Trifan puise son inspiration dans l'imaginaire, dans des
expériences personnelles, dans cette réalité complexe et surtout dans le quotidien composé de fragilité et
opiniâtreté, de douceur et de force. Il s'agit de sculptures étranges parfois, mais non dépourvues d'émotion
lente et de séduction cachée. Son œuvre comprend aussi des peintures, des dessins et des graphiques.
Même si l'artiste reste tributaire de son style subtil mélange d'art fantastique et de glamour contemporain,
dans ses nouvelles création surtout dans ses sculptures, il abandonne la frontalité de l’esthétisme graphique
ou de l'abstraction pour des œuvres en trois dimensions qui empêchent le regard de glisser comme il le fera
sur du papier ou sur la toile. On y trouve un humour subtil, un plaidoyer pour la vie, un clin d’œil à son propre parcours d'artiste et à sa propre vie, qui viennent de mêler aux réflexions sur la société actuelle. Il y a ce petit
"Quelque chose"de particulier qui fait que l'art de Val Trifan soit invention, transgression, découverte et émotion,
empreinte d'un air de sincérité plutôt touchante.
Nicolas Popa
Dendermonde, 09.02.2009
De ses œuvres, Val Trifan, ne dit rien et laisse à chacun le soin de s'inventer une histoire. Comme le menuisier de
Pinocchio, il se rend dans son atelier aux petites heures du matin pour n'en sortir que le soir. Sans un mot. Sa marionnette est modelée dans la terre glaise cuite et enfin peinte et habillée. Autour de lui, dans des caisses, sur les tables, sur le sol et accrochés aux murs, il empile de vieux téléphones portables qu'il se fera un plaisir de démonter, d'antiques caméras, des cadrans d’horloges, des rouages, des fils électriques, des manivelles, des bribes éparses de déchets électroniques. De tout cela naîtra un chariot, un trône de Roi, une machine infernale complexe et menaçante. Mais vain. Car rien ne fonctionne. Tout demeure immobile. Reste à trouver la chute.
Un détail qui, soudain, fera qu'entrer le personnage et sa machine, une histoire est en train de nous étourdir.
"A table"dit le premier assis devant un établi au centre duquel, entre les tenailles, scie et autres limes, est posée un poisson et une salière.Parfois, le titre livre une clef de l'univers: "L'exigence dérisoire". On dirait un titre d'un
tableau de Magritte....
Guy Gilsoul
Vif L'Express, 21.04.2013